Pour un Web sain

Le Web que nous utilisons aujourd’hui a dévié. Il est très loin du projet que son créateur avait en tête lors de sa mise en place au début des années ‘90. À l’origine, le Web devait être un réseau pleinement ouvert, décentralisé et accessibles à toutes et tous sans distinction.

Son objectif premier était de faciliter le partage d’information. Pas de froufrous, de cookies, de pubs, de pop-ups, de bannières ou de scroll infini.

Juste de l’information pure, du texte et quelques images.

Pas un système omniprésent et addictif se nourrissant de notre temps, de notre argent et de notre esprit.

Juste un outil interconnectant les humains du monde et leurs idées.

En 30 ans, nous avons voulu toujours en demander plus au Web en lui donnant une place et des moyens toujours plus importants jusqu’à arriver à une situation malsaine.

De par mon métier et ma passion, je “vis” sur le Web chaque jour. C’est en agissant sur le Web que je gagne de l’argent et que j’aime passer du temps. Je devrais donc être un ambassadeur du “tout digital”, défenseur de l’accroissement de la connexion et du débit.

Malgré 15 années dédiées à l’informatique, j’ai peur du Web d’aujourd’hui. Dans mon expérience de vie et dans mon entourage, je peux observer chaque jour ce que la sur-connexion peut créer en nous. La dépendance qui nous attache à un écran, toujours dans l’attente d’avoir une petite pastille rouge qui “pop” avec l’espoir d’avoir été considéré par d’autres. Le sentiment d’apathie qui nous envahit quand le moindre moment où notre cerveau n’a rien à faire nous sortons notre téléphone pour scroller bêtement en recherche de “quelque chose permettant de donner ou recevoir de l’attention”. Et surtout, le sentiment de solitude viscérale qui nous prend alors que nous sommes liés au monde entier grâce au truc dans notre poche.

J’ai eu la chance d’avoir passé mon enfance avant que les chaînes ne se mettent en place. Sur l’ordinateur familial, nous devions partager le temps d’écran et surtout, le temps de connexion au réseau de télécom car à cette époque, pas si lointaine, nous ne pouvions pas encore utiliser le téléphone et Internet en même temps.

C’était une ère où le Web était simple. On voyait quelques sites extravagants pleins de couleurs mais les informations qu’on trouvait étaient réfléchies et facile d’accès. Il n’était pas nécessaire d’en mettre plein la vue avec des animations et des contenus de remplissage optimisés pour le SEO.

Pourtant, ce qui faisait le Web d’hier n’a pas disparu. Les technologies sont toujours là et ont peu voir pas changées (HTML, HTTP,…). Nous avons juste rajouté des couches de merdes dessus pour mieux sucer les esprits et faire du business.

Car oui, quand nous utilisons le Web moderne, nous permettons à des entreprises de s’enrichir. Et cela même si nous ne déboursons pas un sou. Si c’est gratuit, c’est toi le produit. Ce n’est pas grâce à des dons que Facebook et Google font partie des boites les plus riches et puissantes de la planète.

Je ne crois pas qu’il soit envisageable de retourner au Web des débuts mais il est possible néanmoins, de manière individuelle, de changer la manière dont on s’en sert pour revenir à une utilisation saine, respectueuse de soi-même et des autres humains. C’est le chemin que je souhaite raconter à travers ce blog.