Tim Izzo @5ika.ch

08.12.22

La longue et libre route

J’ai découvert Linux en 2008, lorsque j’avais 16 ans. Cela faisait déjà quelques petites années que je m’essayais à la programmation en apprenant le C et le Python sur le Site du Zéro (aujourd’hui OpenClassrooms). Dans une soif d’apprendre, j’ai voulu allez plus loin dans la compréhension de l’informatique et j’ai installé Ubuntu Hardy Heron en dual-boot sur le PC familial (oui, il y a 14 ans, c’était un PC de bureau par famille). À cette période, on pouvait encore commander un CD d’installation Ubuntu que l’on recevait gratuitement par la poste.

Sans le savoir, j’avais mis les pieds dans un tout nouveau monde: celui du Libre et de l’Open Source. Comme avec toute distribution Linux, il n’y a rien d’obscur dans ce qui est fait par le système d’exploitation d’Ubuntu. Quand on cherche à faire une action, la seule chose qui peut potentiellement nous bloquer, c’est la connaissance que l’on n’a pas encore. Au contraire d’un système d’exploitation propriétaire comme Windows où l’on se confronte assez rapidement à une barrière car les fondations du système sont cachées, inaccessibles. Linux m’a ainsi permis d’assouvir ma soif de connaissance et, année après année, d’acquérir suffisament de compétences pour faire de l’informatique mon métier.

En parallèle de ce que j’apprenais à l’école, j’ai développé peu à peu une forte sensibilité aux enjeux du logiciel Libre. D’abord, j’ai été attiré par l’aspect généralement gratuit des programmes Libres et Open Sources puis j’ai compris ce qu’ils apportaient réellement à la société surconnectée dans laquelle nous vivons et je n’ai plus voulu faire autrement.

Désormais dans le monde professionnel et travaillant dans une entreprise faisant partie d’un réseau d’économie sociale et solidaire, je réalise que non seulement les logiciels Libres portent des valeurs importantes en lesquelles je crois mais en plus qu’ils sont des briques nécessaires pour construire la société de demain.

Contrairement aux programmes (propriétaires) dont nous avons l’habitude, ceux de nos amis les GAFAM, les programmes Libres mettent en avant les principes suivants:

  1. Chacun.e est libre d’utiliser pleinement toutes les fonctionnalités du logiciel
  2. Chacun.e est libre de copier le logiciel
  3. Chacun.e est libre de voir le code et de l’étudier (notion d’Open Source)
  4. Chacun.e est libre de modifier et de redistribuer le logiciel

Ces 4 éléments ouvrent la voie à des concepts plus grands:

Néanmoins, tout a un coût et les personnes qui développent des logiciels Libres doivent également gagner de l’argent pour vivre. Ces personnes n’ont pas toujours une grande disponibilité pour développer des choses et soit le temps, soit l’argent fait défaut. Sans compter qu’il est parfois nécessaire de payer des serveurs, prévoir du temps de maintenance voir de support. Difficile donc d’être concurrentiel face aux produits bien léchés des GAFAM, financés par des business models bien rôdés, basés sur l’économie de l’attention.

Au sein de mon entreprise, malgré notre volonté de cultiver des logiciels Libres et éthiques, nous peinons à nous délivrer de certaines solutions propriétaires. Nous nous sommes tellement habitués au confort qu’apportent les outils de Google qu’il nous faut nous faire violence pour quitter le confort et la facilité pour aller vers l’éthique.

Il est probable que beaucoup d’organisations ou même de personnes ressentent ce problème et n’osent pas sauter le pas vers le Libre. Mais si suffisamment de personnes investissent du temps et de l’argent dans des communs digitaux au détriment de solutions propriétaires tentaculaires et ensorcelantes, nous pourrons réellement faire d’Internet un outil éthique au service de l’Humain.



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