Tim Izzo @5ika.ch

Communication décentralisée

Quand vous envoyez un message sur Facebook ou sur WhatsApp, votre système (ordinateur, téléphone, smartwatch…) envoi une requête à un serveur de Meta. Cette requête contient votre message, des informations sur qui l’envoi et pour qui il est destiné. Le serveur de Meta reçoit le message, analyse le contenu et identifie son ton, le vocabulaire utilisé, les différents thèmes abordés, les personnes et entités citées, le contexte dans lequel il a été envoyé ainsi que plein d’autres informations afin de créer un réseau de relations. Message après message, ce réseau de relations (ou graphe) devient de plus en plus complet et précis et permet de construire un profil très précis de l’émetteur ou de l’émettrice.

En faisant cela, les GAFAM peuvent ainsi déterminer notre âge, sexe, classe sociale, orientation sexuelle, niveau d’étude, salaire approximatif, centres d’intérêt, émotions, croyances et religion. Ce dont on se doute moins, c’est qu’il est presque aussi aisé pour eux de déterminer également notre état de santé (physique et mental), nos déplacements de manière très précise (même avec le GPS désactivé), nos habitudes de consommation, les valeurs qui nous portent, notre influence au sein d’un groupe de personnes, nos idées politiques, notre capacité à devenir accro, la qualité de nos relations familiales ou encore nos perspectives d’avenir.

Cela est possible grâce au recoupement des données que l’on génère chaque jour en échangeant des messages par leurs plateformes et les micro-actions que l’on fait (liker une page, suivre un certain compte, ajouter quelqu’un en ami, reposter un article,…).

Et ils font cela car nous leur permettons de le faire. En utilisant leurs services “gratuits”, nous abreuvons en data leurs serveurs, désormais centres d’Internet.

Pourtant, le Web n’a pas été construit pour être centralisé. Les GAFAM ont créé un déséquilibre pour servir leur profit mais les technologies que tout le monde utilise aujourd’hui ont d’abord été développées pour fonctionner de manière décentralisée, voir distribuée.

À côté du Web techno-capitaliste poussé par la Jet-7 de la Silicon Valley, les services décentralisés / distribués ont continué à se développer et certains sont désormais suffisamment matures pour être des solutions viables pouvant remplacer Facebook-Instagram-Whatsapp.

Ces alternatives sont nombreuses mais il y en a deux sur lesquelles je me penche beaucoup ces temps: ActivityPub et Matrix.

ActivityPub est le protocole qui fait vivre le Fediverse avec en tête de proue Mastodon (alternative éthique aux réseaux sociaux).

Matrix est un autre protocole avec une approche similaire mais qui se place comme alternative aux services de communication de type chat (WhatsApp, Telegram, Slack, Discord,…).

Ces deux technologies, plus vraiment nouvelles car déjà bien éprouvées, ont toutes les deux une approche décentralisée et fonctionnent en fédération. Il n’existe pas un unique serveur central agrégeant toutes les communications mais un ensemble de serveurs communiquant les uns avec les autres pour échanger des messages standardisés. Un utilisateur est libre de se créer un compte sur le serveur / l’instance qu’il souhaite. Chaque instance est libre de modérer ses contenus comme elle l’entendant et de s’interconnecter avec les autres instances qu’elle souhaite. Et en plus de cela, moyennant quelques compétences techniques, n’importe qui est libre de créer sa propre instance pour rejoindre le réseau fédéré.

Dans le cas de Matrix, il est également possible de communiquer avec un chiffrement end-to-end afin d’éviter que les messages ne soient lisibles par l’instance par laquelle ils passent. Les messages seront déchiffrables uniquement par les personnes communiquantes.

WhatsApp utilise le même standard de chiffrement e2e que Matrix (Signal) mais n’étant pas Open-Source, il n’est pas possible d’analyser comment ce standard est mis en place et ainsi avoir une pleine confiance dans le service.

En tant que technologiste, je trouve qu’ActivityPub (et ses différents services) et Matrix ont le gros avantage d’être des technologies ouvertes. Il est relativement facile de comprendre comment ils fonctionnent et de développer des nouvelles applications à travers leurs API. C’est une base nécessaire permettant de créer des écosystèmes numériques sains dans lesquels on peut avoir de la confiance.

Vous ne connaissez pas ? Ça vous tente ? Alors essayez !

Pour cela, vous pouvez créer un compte sur une instance:

Puis m’envoyer un message pour commencer une conversation: